2 Avril 2021
DU PARADOXE DE LA LENTEUR ET DE LA RAPIDITE.
Rémy Ducassé – Avril 2015 - Avril 2021.
Il y a longtemps que ce sujet m’interpelle.
Je ne vous cache pas que j’aurai de loin préféré le traiter après un certain temps passé en votre compagnie. En y usant de la plus grande attention, mais dans la plus grande LENTEUR possible. Une sorte de retour à l’enfance. Vous avez choisi la rapidité.
Soit…
Cinq chapitres à ce travail. Vous pardonnerez les nombreuses citations.
I - Quelques généralités de définitions et de citations de et sur la lenteur, et de et sur la rapidité :
Définition du dictionnaire Larousse :
Lenteur.
Les synonymes : apathie, atermoiement, délai, indolence, longueur, mollesse, nonchalance, paresse, pesanteur, prudence, tergiversation.
Rapidité.
Les synonymes : agilité, célérité, diligence, empressement, hâte, impatience, impétuosité, précipitation, précocité, prestesse, promptitude, vélocité, vivacité.
A propos de la lenteur :
« L’un des traits caractéristiques du développement de l’Homme, c’est la lenteur » - Jean Rostand.
Milan Kundera dans son roman « La lenteur » paru en 1995 dit : « l’homme moderne par une fascination pour la vitesse, délaisse les vertus de la lenteur…/
Selon l’auteur la lenteur est un moyen de sauvegarder la mémoire et donc l’homme oublie, fasciné qu’il est par la vitesse. Plus loin il dira que : « le degré de vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli…/ »
A propos de la rapidité – et du temps :
« Le temps ne va pas vite quand on l’observe. Il se sent tenu à l’œil. Mais il profite de nos distractions. Peut-être y a-t-il même deux temps, celui qu’on observe et celui qui nous transforme ». Albert Camus – Carnets II (Janvier 1942 – Mars 1951).
« Le temps met tout en lumière ». Thalès de Milet – Sentences – VI siècle avant J.C.
II - Penser la lenteur :
Je voudrais en ce début d’éclat du jour simplement poser une double question :
L’instauration de ce dialogue entre la philosophie et La lenteur est-elle un objet pour la philosophie, et si oui qu’est-ce que la philosophie nous en dit, qu’est-ce qu’elle nous en apprend ?
Ce paradoxe peut s’exprimer ainsi.
Nous en avons tous besoin pour commencer quelque chose, ou prendre quelque décision que ce soit. J’en ai fait usage pour fixer mon choix sur le sujet, du travail que j’ai choisi de vous présenter.
Efforçons même tous les jours (c’est donc un paradoxe dans le paradoxe), par la répétition, l’habitude aidant et l’exercice entraînant la dextérité de les acquérir patiemment, c’est à dire lentement, en retournant l’épaisseur de la durée contre elle-même, et ainsi de nous en émanciper.
Là, je ne résiste pas à citer ce vers de Louis Aragon, qui illustre doublement ma réflexion. A la fois par rapport au sujet de ma planche, qu’à l’illustration de ce qui fait ou devrait théoriquement faire l’objet de notre travail de réflexion depuis le premier jour de notre entrée dans notre recherche – et cela quel que soit le degré dans lequel nous l’effectuons.
« Le chanteur a fait ce qu'il a pu…/Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre ».
Le temps que nous passerions à battre et rebattre notre faux comme plâtre, n’est pas du temps perdu.
Revenons cependant au sujet de ce jour – La lenteur et son apparente opposée la rapidité.
Nous cherchons tous une sagesse de la lenteur. Sachant plus ou moins obscurément que c’est la lenteur de la recherche de sagesse qui nous délivrera de la précipitation, de ce désir d’immédiateté. De notre refus de toute épaisseur et de toute longueur de la durée. Tous ceux qui sont passés dans le couloir d’une salle d’attente médicale ont éprouvé ce paradoxe-là. L’envie impérieuse de connaître le diagnostic - présupposé de la guérison rassurante, et en même temps la crainte que celui-ci soit insupportable à accepter - l’angoisse inévitable de la mort. La précipitation est la caractéristique de l’homme moderne, que l’on note pourtant à toutes les époques. Parce que les hommes ne sont tels que parce qu’ils prennent conscience de la temporalité constituant leur condition.
III - La lenteur, la rapidité et la philosophie :
Ce paradoxe lenteur/vitesse, on le rencontre par exemple chez Platon. Le philosophe l’appelle lui-même « le long détour ». Sans ce long détour la pensée se perdrait dans l’immédiateté des sensations ou s’aveuglerait dans la fulgurance des apparences. Pour penser dit Platon, il faut cheminer - dans l’histoire de la philosophie la métaphore du chemin est récurrente.
J’aime beaucoup, et j’en use beaucoup cette vision symbolique du chemin.
Je l’ai utilisé bien modestement dans la forme de ce poème cité plus haut :
« Je marche…
Mes routes sont escarpées, sinueuses
C’est là que l’on fait les plus belles rencontres.
Les gens intéressants fréquentent les petits sentiers ».
Qui dit routes escarpées et sinueuses, peut laisser supposer la lenteur lors de l’ascension et un peu plus de rapidité à la descente. Surtout pour la descente, avec dix-sept ans de moins.
Un de mes meilleurs amis dit souvent « la vie c’est une méthode ». Je partage ce point de vue, j’y ajouterai, efforçons-nous de la parcourir lentement. Tout du moins parcourons-la chacun à notre rythme. Lorsque je faisais de la randonnée, je marchais à mon rythme. Peu m’importais que j’arrive le dernier au point de rendez-vous.
Efforçons-nous de déjouer les séductions des opinions, des évidences, des mots - même si c’est difficile, c’est sûrement là que commence la lenteur du travail.
Nous construisons patiemment l’espace du dialogue vivant au sein duquel les positions changent et s’échangent sans parvenir à une solution ou à un passage – cette absence de passage, les Grecs l’appelaient une « a-porie », un embarras, un doute.
Lorsque le passage est ouvert entre nous, cela ne dure souvent qu’une fraction de seconde et c’est rare.
Le passage ouvert.
La rareté et la brièveté de l’Égrégore peut-être tout à la fois source de frustration et de joie intérieure – mais n’est-ce pas bien ainsi ? Afin de mieux en apprécier toute la force, la puissance et nous inciter à nous remettre très vite à l’ouvrage.
Il y a là me semble–t’il une dualité que nous allons retrouver un peu plus loin dans mon propos. La brièveté de cette sensation de communion des esprits et l’immense lenteur des travaux que nous devons accomplir pour parvenir à la première. De plus bien souvent, elle n’est perceptible qu’à la fin des travaux après la remémoration de ceux-ci dans la solitude - ou pas - par exemple : lors d’un trajet de retour. Cette sensation de pensée commune peut n’être aussi perceptible, qu’à l’extérieur de l’échange. Il est très difficile de dire pour chacun des acteurs d’un échange, si la pensée a été totalement commune. Sauf à ne laisser s’exprimer qu’un porte-parole.
Revenons à la philosophie, si tant est que nous l’ayons quitté.
Les interlocuteurs de Socrate sont toujours pressés de répondre sans trop de réflexion, sans penser leur pensée : leur hâte est toujours égale à leur suffisance et à leur dogmatisme. Socrate est le contraire de l’homme pressé. Il est accusé d’endormir ou de paralyser ses interlocuteurs et d’avoir lui-même l’esprit lent et engourdi. Au lieu de protester Socrate revendique cet engourdissement car il est, selon lui, le seul remède (le remède de la critique) contre l’illusion de savoir, et le seul moteur du désir de notre recherche.
Il est très étonnant qu’au début du « Charmide » – un des premiers dialogues du philosophe, Socrate conteste la définition de la sagesse morale (la sagesse pratique) comme « tout faire avecordre et bien posément » alors qu’il est justement celui qui pense selon l’ordre et selon la lenteur qui sied à tout ordre.
Quelques extraits du dialogue du « Charmide ».
<<La sagesse n’est-elle pas assurément du nombre des belles choses ?
Mais qu’est-ce qui est le plus beau à l’école ? Est-ce, le même texte, de l’écrire vite, ou bien tout posément ?
A travers l’articulation des deux points de vue dans cet échange du « Charmide » – on admirera la rigueur de cette démonstration. Surtout à travers sa patience et sa lenteur au sein desquelles l’éloge de la rapidité trouve son parfait contrepoint. La rapidité est préférable à condition et la fin de ce dialogue le dit explicitement qu’elle s’accompagne de tempérance, contrôlée ou contrainte.
A condition qu’elle contienne en elle-même un frein, une limite, c’est à dire une mesure :
« Hâte-toi lentement » nous a dit Platon.
IV – Le temps un des premiers rapports fondamentaux qui fondent la double exigence paradoxale de lenteur et de rapidité :
Un des premiers rapports vient du fait que nous pensons et agissons dans le temps, mais que nous ne pouvons le faire qu'en prenant en considération ce qui échappe au temps.
L’idée du temps ne peut se poser que dans la double exigence de lenteur et de rapidité.
Il n'y a de temps que pour quelqu'un qui envisage et qui pense l'éternel, et cela du point de vue de sa mortalité ou de sa temporalité.
La pensée de Platon le montre encore dans la mesure où la philosophie cherche à penser les idées éternelles et immuables pour des hommes qui sont englués dans le devenir de ce qui est sensible. La vérité et la véritable réalité se livrent alors de deux manières indissolublement liées :
a) d'une manière si rapide qu'elle en est fulgurante, par un mouvement immédiat et intellectuel dans lequel, soudain, se dévoilent dans une totale transparence et pureté les idées comme principes divins existant en soi et par soi, absolus et éternels.
b) mais ce terme de la philosophie n'est paradoxalement accessible que pour une pensée laborieuse et lente qui doit passer par tous les échelons successifs d'un processus temporel amenant progressivement à mourir au sensible.
Et ce processus méthodique, est le chemin de la médiation et de la lenteur qui n'engendre pas un dévoilement mais, tout au contraire, une construction conceptuelle patiente, passant par le discours et l'argumentation.
Deux voies donc opposées.
Une voie rapide mais risquée : celle de l'inspiration, de l'enthousiasme et de l'amour de la beauté.
Une voie lente et escarpée mais plus sûre : celle de l'analyse des concepts - voie logique et laborieuse.
Or cette double voie qui fait de Socrate un philosophe et un poète inspiré, se trouve aussi au commencement de la philosophie qui selon Platon, est d'une part fille d'Iris, l'arc-en-ciel qui nous amène le message des dieux par l'éclat et le choc de l'étonnement d'où jaillit le savoir.
L'étonnement possède la vitesse de la stupeur, et d'autre part fille du doute elle permet :
La mise en œuvre lente et temporelle de la critique, de la méthode et du raisonnement causal.
La connaissance est ainsi toujours rapide et lente parce qu'elle est connaissance de l'éternel dans le temps, de l'être dans le devenir.
Si elle est connaissance de l'éternel dans le temps, elle est à la fois révélation, conversion, manifestation et processus, construction ou représentation.
Mais ce n'est pas seulement le rapport du temps à ce qui n'est pas lui, qui explique la double nécessité de la lenteur et de la rapidité : c'est aussi un rapport à l'intérieur même du temps.
Car le temps est passage et durée ; vitesse et lenteur.
Il est passage. Passage des instants du temps, passage du passé au présent et à l'avenir, passage tragique de la vie à la mort.
Tel qu'il est l'expérience de la fugacité, le temps est celui d'une rapidité irréductible. Même quand ce passage nous paraît lent, il est en fait le lieu d'une rapidité cachée.
Le passage de la vie à la mort, est considéré de façon tragique, mais il est nécessaire, pour ne pas dire indispensable – ne serait-ce que dans l’évidente nécessité de faire de la place aux nouveaux venus sur notre planète. Je crois que celle-ci en a bien besoin.
Surtout quand le temps de la vie a assez duré – selon la seule appréciation de celui qui est directement concerné.
Une réflexion personnelle me fait penser que nous restons assez « fanfarons » - malgré les années, et l’expérience, qui nous donne juste l’impression face à la « camarde » que notre peur a disparue.
Chez Baudelaire, tout se dérobe parce que tout est :
« Fluxion, nuance et variations perpétuelles ».
Dans cette perspective le temps est pluralité, discontinuité, irrégularité, coupure :
« Moi à cette heure et moi tantôt, sommes bien deux ».
Notre mémoire où sont « archivées et classées » nos pensées, est l'opération par laquelle nous acquérons le sens de la lenteur de la durée. Notre esprit devient une sorte de palimpseste.
De ce palimpseste, Baudelaire dans Les Paradis artificiels, Un mangeur d'opium, VIII dira :
« Des couches innombrables d'idées, d'images, de sentiments sont tombées successivement sur notre cerveau, aussi doucement que la lumière. Il a semblé que chacune ensevelissait la précédente. Mais aucune en réalité n'a péri ».
La coprésence de la vitesse et de la lenteur se fonde sur un autre rapport qui n'est pas seulement celui du temps et de l'éternité, mais qui est celui qui s'établit entre différentes temporalités qui se juxtaposent, se croisent et s'affrontent.
Chaque action engendre sa propre temporalité qui fait qu'il existe une sorte d'irréductibilité entre le temps de l'agriculteur, du menuisier, de l'écrivain, du chirurgien, du sauteur à la perche, du marathonien ou de l'alpiniste.
Chacun possède son rythme qui n'est ni prompt ni posé, ou qui est les deux à la fois parce qu'en accord - en convenance - avec sa nature et sa finalité.
Mais qu'un de ces temps s'arroge le droit de se vouloir supérieur au point de normer l'autre, alors commence le conflit de la lenteur et de la vitesse.
À côté du temps rapide, discontinu et épuisant du travail existe ce qu'Hanna Arendt appelle :« Le temps de l'œuvre ».
Ce temps est au contraire celui de la durée parce qu'il engendre des objets qu'on ne consomme pas mais dont on se sert, et qui ont un usage résistant à leur destruction. Parce qu'elles durent, les œuvres constituent notre séjour.
Notre société de consommation en effet, change les œuvres en produits du travail destinés à la consommation et à la destruction – ou à l’oubli qui selon moi peut-être plus dramatique encore si le créateur assiste impuissant à cette destruction ou à cet oubli.
Une forme d’expression qui résiste à cet oubli, selon moi n’est-ce pas l’oralité, mais pas de cette oralité qui consiste à déblatérer de tout et n’importe quoi, parler pour parler n’apporte absolument rien à l’humain. Par exemple dans certaines émissions où la parole se dit libérée, mais où elle n’a pour but que de flatter nos instincts les plus primaires (calomnie, impudeur collective, etc…)
Tout cela n’est qu’abaissement de la pensée.
De même notre société libérale change les actions politiques et la communication entre les hommes en œuvres utilisables.
Notre société économique nous voue à la fugacité et l'éphémère.
On comprend par-là, la revendication toute moderne de la lenteur.
A ce point de ma réflexion - Ce que je pense en cet instant, avant de conclure provisoirement mon travail :
Il n’y a pas de grandes ou de petites tâches « périssables » ou de grandes ou petites œuvres « susceptibles de passer à la postérité » - il n’y a que de grands paresseux intellectuellement.
La lenteur ne peut être utilisable qu’en matière d’œuvre – au sens défini plus haut par Hanna Arendt - qu’elle soit individuelle ou collective. Si l’on parle d’œuvre artistique, cela me paraît tout à fait évident.
Au regard de ce que notre système économique engendre comme « produits artistiques jetables »en réussissant à convaincre une grande majorité de la population que par exemple tel ou tel chanteur ou peintre vient de créer le chef d’œuvre du siècle.
Paradoxalement, c’est un signal révélateur que de plus en plus de monde entend, face au vide sidéral des textes publiés ou mis en musique :
Parallèlement aujourd’hui, on essaye de nous convaincre que l’argent faisant défaut, c’est indispensable que 148 Festivals ou Écoles de musique ou lieux de cultures et d’expression artistiques disparaissent, cette année.
Nous sommes bien loin de la lenteur, me direz-vous et bien pas tellement.
Abandonner ces espaces culturels c’est très rapide, mais redonner toute la place à la culture, à la pratique artistique et au partage culturel, c’est la Lenteur qui va triompher, hélas !!!
Qui pourrait faire sans doute l’objet d’une suite à ce travail :
La lenteur nous pouvons l’éprouver en prêtant une oreille attentive en écoutant par exemple : -L’œuvre de Smetana « Die Moldau ». L’eau rapide du torrent à la source et la lenteur du fleuve qui s’est élargi dans la plaine.
Nous pouvons également vivre visuellement la lenteur et la rapidité.
- Exemple d’un oiseau rapace qui peut voler ses ailes largement déployées en tournant lentement au-dessus d’une zone terrestre délimitée et brusquement replier partiellement ses ailes et piquer très vite pour s’emparer d’une proie qu’il a repéré.
Il y a ainsi tout autour de nous des exemples de cette dualité naturelle dans les espèces qui peuplent la planète. Je ne vais pas ici développer plus cette piste de travail.
L’Humain a très souvent par ses observations soigneusement consignées, cataloguées copié les espèces animales.
L’observation attentive de tout ce qui nous entoure lutte patiemment contre notre ignorance, nos certitudes ou nos préjugés.
Pour en terminer avec cette évocation du paradoxe « rapidité/lenteur » chez les autres espèces, je dirai simplement sous forme d’interrogation :
Et s’il ne s’agissait d’un paradoxe que dans la simple observation ?
Mais qu’en y regardant de plus près dans tous les aspects de cette dualité – animale ou humaine – en un mot : terrestre, la lenteur et sa compagne la rapidité n’était que loi indispensable au cheminement ?
V - Ma conclusion temporaire :
Ce qui m’occupe personnellement aujourd’hui c’est de faire travailler mon esprit en harmonie avec mon cœur sur l’équilibre fragile de ma raison, en essayant de ne point tomber de sur le fil, car un homme - ou une femme mort (e) ne sert à rien. Quoique ???
N’y voyez là mes très chers lecteurs aucun signe de vanité, c’est le simple constat que l’élévation de mon esprit me semble à peine commencé et que ma pensée brute se dégage tout juste de sa gangue extérieure.
Un jour un peu avant mon âge d’homme, j’ai mis mes pas pressés dans les pas de mon père,aujourd’hui à l’approche du dernier quai, je ralentis chaque jour un peu plus, mon allure.
Ainsi on retrouve ici, le paradoxe développé : « vitesse et lenteur ».
Je conclurai en citant Albert Camus – extrait de la dernière partie de son « Mythe de Sisyphe » :
« Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé…/qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir…/On voit un pied qui la cale, la reprend à bout de bras…/C’est pendant ce retour - alors qu’il redescend dans la plaine - que Sisyphe m’intéresse. Cette heure qui est comme une respiration, cette heure qui revient aussi sûrement que son malheur, est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s’enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher ».
Mes très chers amis (es), mes chers lecteurs, notre conscience de la vie n’est jamais hermétiquement close définitivement, la perception que nous avons d’elle est ŒUVRE LENTE ET DIFFICILE.
J’ai réfléchi, pensé, écrit, relu, réfléchi repensé, réécrit maintenant je partage et tout ce qui précède ne m’appartient plus.